Divertissant, ludique, mais également instructif et profondément mexicain, le parc Xcaret est devenu une destination incontournable sur la Riviera maya. Le Grand Journal a rencontré Miguel Quintana, fondateur du parc, qui nous parle de sa passion pour la culture mexicaine, de ses projets écologiques et de son admiration pour la France.
Xcaret reçoit en moyenne 1 million de visiteurs par an.
Le Grand Journal – Bonjour Miguel. Merci de nous recevoir. Vous êtes le fondateur du parc Xcaret et son directeur général. Parlez-nous un peu de vous et de votre parcours.
Miguel Quintana – Bonjour et merci de votre visite. Je suis né à Boston, aux États-Unis, d’une mère hawaïenne et d’un père mexicain de Puebla. Mon père étudia à Harvard et nous avons vécu au Chili, où il fut directeur du Cepal quelques années. Par la suite j’ai vécu au DF (Mexico), étudié l’architecture au Tec de Monterrey et puis j’ai monté une chaîne de magasins de décoration (la Maison Pali, du nom de ma mère) que j’ai ensuite revendue pour créer Xcaret sur la riviera maya en 1985. Je suis donc multiculturel, mais profondément mexicain…!
LGJ – Comment est né le parc Xcaret ?
MQ – En fait un peu par hasard ! J’avais acheté 5 hectares de terres sur la Riviera maya, à deux lieues de Playa del Carmen, pour y construire une maison de vacances, mais je me suis vite rendu compte que je pouvais partager ce paradis avec le monde entier sur le modèle des grands parcs d’attraction américains mais en focalisant le tout sur notre énorme patrimoine. Xcaret est né de mon association avec mes voisins, les frères Constanze, qui apportèrent 60 hectares de plus pour créer un espace suffisamment grand pour y recevoir le public. L’idée était de promouvoir en premier lieu la culture mexicaine, dans un cadre totalement vierge, très beau, car le monde maya et le Yucatán ne sont qu’une facette d’un pays extraordinaire et très diversifié .
LGJ – Le parc Xcaret, c’est quoi 25 ans après ?
MQ – Une énorme machine qui emploi 1 600 familles, dont 90% d’origine maya. Nous avons 300 hectares de terrain dont 50 pour Xcaret, 50 pour le nouveau parc ludique et sportif Xplor, 40 hectares destinés aux hôtels et le reste en jachère pour l’instant ! Nous recevons en moyenne 1m de visiteurs par an et gérons aussi le parc Xel-ha en tant que concessionnaire. Sur 100 touristes, 22 passent par Xcaret. Nous sommes devenus l’un des acteurs majeurs de l’industrie touristique de la région. Nous partageons en premier lieu notre passion du Mexique avec tous ceux qui nous visitent et je pense que nous donnons une image très positive du pays ! Notre savoir-faire est aujourd’hui inégalable sur le plan écologique, devenu le thème de prédilection de notre entreprise.
LGJ – Parle-nous un peu du parc, de son expérience et de ses projets.
MQ – Le parc Xacret est d’abord l’association d’un parc écologique et d’une culture (celle du Mexique) qui met en avant la découverte de sa faune, de sa flore et ses habitants. Sur le plan culturel, nous faisons maintenant la promotion de nombreux Etats du Mexique, comme la Basse-Californie et ses vins, nous faisons honneur à la fête des morts avec comme point d’orgue la reconstitution d’un cimetière de l’Etat du Michoacan et depuis toujours avons fait la promotion du Jalisco avec ses charrerias, mariachis et autres produits comme la tequila, symbole du Mexique à l’étranger.
Sur le plan écologique, nous venons d’inaugurer une serre à papillons gigantesque qui permet de voir de vrais “Monarcas”, mais protégeons aussi plus de 700 Guacamayas (perroquets géants), dont 110 sont nés sur le parc. Nous en sommes à trois générations de dauphins également nés sur le parc et finançons de grands programmes de protection des tortues marines et des serres de reforestation. Notre objectif est aujourd’hui de “conscientiser” les touristes à l’écologie et de partager notre expérience avec les pouvoirs publics. Si au départ le parc était ludique dans un cadre paradisiaque, il est aujourd’hui un grand laboratoire accessible au public et très respectueux des règles écologiques. Les huiles solaires, par exemple, sont bannies de tous les sites que nous gérons !
LGJ – Xcaret est aussi une énorme entreprise et j’imagine que la crise doit vous préoccuper et que vous devez être très attentif aux chiffres?
MQ – Oui, bien sûr, mais nous ne sommes pas inquiets. La baisse est notable depuis septembre 2007, un plus haut historique en fait. En août 2008 nous étions en baisse de 10% par rapport à cette année faste et en 2009 à moins 30% (vs 2007). Nous avons donc suivi la conjoncture américaine et ce parce que nous sommes le point touristique le plus proche des Etats-Unis et donc très dépendants de leur économie… D’ailleurs les chiffres ne mentent pas, 70% de nos visiteurs sont étrangers. Sur ce chiffre, 70% sont américains et 30% nous visitent du reste du monde…
Cela étant, nous recevons de plus en plus de touristes mexicains et avons fait face à cette baisse de revenus en réduisant nos coûts et en optimisant nos ressources, notamment sur le plan de la communication internationale. Fini les grandes campagnes, aujourd’hui nous travaillons avec les représentations du Mexique à l’étranger et leur apportons des moyens qu’ils n’ont pas toujours. Alors que la plupart des entreprises ont renvoyé une partie de leur personnel au plus haut de la crise, nous avons au contraire maintenu tout le monde en place, mais réduit de 10% les salaires sur une très courte période, un mois et demi, dans le consensus général. Nous sommes une entreprise socialement responsable, et puis cela nous coûte de former du personnel compétent et agréable, autant se serrer les coudes et attendre que le cyclone passe dans l’intérêt de tous !
LGJ – Comment percevez-vous la situation économique au Mexique ?
MQ – Notre économie est principalement liée à celle des Etats-Unis. Celle du Brésil est plus intégrale et ouverte au monde. Nous avons choisi le chemin le plus commode, le plus simple, mais pas forcément le plus confortable. Nous le voyons aujourd’hui en termes de différence de croissance sur la zone latino-américaine. Croire aussi que seul le tourisme sera la solution aux problèmes du Mexique est un leurre. Le marché devient massif, les prix de plus en plus compétitifs avec des “packages” à moins de 795 USD par semaine tout inclus (All inclusive). Nous sommes donc à un tournant et sur un rythme différent. Non, je crois que la diversification est de rigueur avec davantage de maquiladoras dans le nord et surtout une agriculture plus importante, plus efficace. Il faut retravailler la terre, partout au Mexique, car nous en aurons besoin…
LGJ – Vous connaissez et aimez la France, racontez-nous.
MQ – Oui, j’y vais régulièrement. Ma belle-sœur a exposé au Grand Palais et mon beau-frère, l’ambassadeur Angel Gurría, est le secrétaire général de l’OCDE basé à Paris. Nous nous voyons souvent… et puis je suis fan du compositeur Charles Dumont et Edith Piaf bien sur ! Je les écoute très souvent, même si je ne comprends pas toujours les textes. (Sur ce il nous fait écouter quelques mélodies…)
LGJ – Le mot de la fin pour nos lecteurs francophones ?
MQ – Oui, je voulais simplement dire aux lecteurs français qu’ils n’aient pas d’apriori par rapport au parc Xcaret ! Certes, notre communication est très américanisée (par nécessité), mais derrière la terminologie de “parc d’attraction” (qui fait penser à Mickey) se trouve un contenu culturel et écologique mexicain de grande qualité et qui plaît aux Européens.
Nos spectacles sont superbes et nos restaurants très acceptables pour les fins gourmets que vous êtes. Les enfants adorent et les parents aussi. Le parc permet de découvrir TOUT le Mexique, et pas seulement le monde maya, ce qui incite à programmer un voyage ultérieur sur d’autres destinations mexicaines.
Par ailleurs, il vous permettra de découvrir des espèces endémiques très difficiles à percevoir dans la nature, et puis c’est un lieu reposant, je vous conseille d’essayer les jacuzzis naturels que nous avons installés en bord de mer…! Merci encore de votre visite et toutes mes félicitations pour votre journal qui donne une image plutôt rassurante du Mexique. Nous aurons certainement l’occasion de nous croiser sur un tas de projets… !