Dossier – Pegasus aurait espionné l’entourage d’AMLO au Mexique !

Des membres de la famille et des associés du président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador auraient été mis sur écoute entre 2016 et 2017 à l’aide de Pegasus, a révélé lundi un media enquêtant sur ce logiciel.

Mis au point par l’entreprise israélienne NSO Group et utilisé pour espionner des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme, Pegasus avait été acheté par le gouvernement de l’époque, selon le site Aristegui Noticia.

Les écoutes ont eu lieu lorsque Lopez Obrador (AMLO) était à la tête de l’opposition au président Enrique Peña Nieto (2012-2018), a précisé ce site d’information. Parmi les personnes dont les téléphones ont été placés sur écoute figurent Beatriz Gutiérrez, l’épouse d’AMLO, au pouvoir depuis décembre 2018, plusieurs de ses frères et soeurs et même le cardiologue du dirigeant de gauche.

Autres cibles de Pegasus: le maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, des ministres et des responsables du gouvernement actuel. Toutefois, dans la liste d’au moins 50.000 smartphones mis sur écoute dans différents pays ne figurait pas celui d’AMLO, qui, selon Aristegui Noticias, « n’utilisait apparemment pas de téléphone portable personnel » et faisait passer ses messages via des collaborateurs.

Cette liste a été obtenue dans le cadre du projet Pegasus-Forbiden stories, une enquête globale à laquelle participent plus de 80 journalistes de 17 médias et organisations dans le monde entier.

Aristegui Noticias affirme que le CISEN (Centre d’investigation et de sécurité nationale), un organisme civil de renseignement dépendant du gouvernement, était à l’origine de ces écoutes contre l’entourage d’AMLO. Le président Andrés Manuel Lopez Obrador a dissous cette agence après sa prise de fonctions.

La licence de Pegasus au Mexique a expiré en 2017 et n’a pas été renouvelée, selon le média, qui indique qu’au moins 15.000 numéros de téléphone mexicains ont été enregistrés dans le système.

Cette campagne d’espionnage au Mexique a également visé au moins 25 journalistes, dont l’un, Cecilio Pineda, a été tué en mars 2017 après un reportage sur des liens présumés entre des hommes politiques et des criminels dans l’État de Guerrero (sud), selon le consortium des médias internationaux à l’origine des révélations.

L’enquête Pegasus met le doigt sur une réalité que les Mexicains connaissent déjà très bien. Le Mexique est, depuis des années, le pays en paix le plus mortifère pour ses journalistes, avec une dizaine d’assassinats chaque année, selon Reporters sans frontières. Les premiers touchés par ces meurtres sont les reporteurs qui enquêtent sur les liens entre le pouvoir et les cartels.

Au total, des dizaines de journalistes mexicains et de correspondants étrangers ont été surveillés. Également visés par cet espionnage : les militants des droits de l’homme. Par exemple, les proches de 43 étudiants disparus en 2014. Depuis, ils essaient de prouver l’implication de l’État et de la police locale dans l’affaire.

Article du 20 juin 2017 – Au Mexique l’état espionne les journalistes !

Un groupe de journalistes de renom et de militants des droits de l’homme a accusé lundi le gouvernement mexicain de les espionner en utilisant un logiciel d’espionnage israélien vendu uniquement aux Etats.

Ces accusations ont été démenties par la présidence mexicaine.

Lors d’une conférence de presse à Mexico, les neuf journalistes et militants ont annoncé qu’ils avaient déposé une plainte devant la justice contre le gouvernement, pour accès illégal à des communications privées, notamment.

« Il s’agit d’une opération de l’Etat où des agents de l’Etat mexicain, loin de faire ce qu’ils doivent légalement, ont utilisé nos ressources (publiques), nos impôts, notre argent, pour commettre des délits graves », a déclaré la journaliste mexicaine Carmen Aristegui, célèbre pour ses investigations sur des cas de corruption du gouvernement.

Parmi elles figure une enquête datant de 2014 dans laquelle elle avait révélé que l’épouse du président Enrique Pena Nieto avait acheté une demeure valant 7 millions de dollars à Mexico City auprès d’un entrepreneur du gouvernement.

Une enquête, publiée lundi par le New York Times, a révélé que des militants des droits de l’homme, des journalistes et des militants anti-corruption ont été victimes d’espionnage au Mexique avec un logiciel d’une société israélienne qui possède parmi ses clients les ministères mexicains de la Défense et de la Justice.

Pegasus, logiciel à la fois sophistiqué et personnalisable fonctionnant au départ par hameçonnage, peut accéder à la caméra, au micro ou à la géolocalisation de l’appareil piraté, aux contenus de messages, d’appels et de toute une série d’applications comme Gmail, Facebook, Skype, WhatsApp, Viber…

« Qu’a à dire le président du Mexique sur cet espionnage commis de façon perfide et illégale? », a demandé Mme Aristegui.

La journaliste a dit avoir reçu directement sur son téléphone 24 messages textes, entre janvier 2015 et juillet 2016, tandis que 32 autres sont parvenus à des membres de son équipe, et même à son fils de 16 ans.

Les SMS provenaient de différentes directions et noms de domaine prenant des noms de médias, de réseaux sociaux et même de l’ambassade des Etats-Unis. Ils renvoyaient sur un lien qui installait le logiciel espion sur leur téléphone portable.

Selon ces journalistes et militants, 76 tentatives de piratage avec le logiciel Pegasus les ont visés.

Dans une réponse au New York Times, le porte-parole de la présidence mexicaine, Eduardo Sanchez, a rejeté les accusations d’espionnage. « Il n’y a aucune preuve que des agences du gouvernement mexicain soient responsables de l’espionnage supposé décrit dans votre article », a écrit le porte-parole.

Parmi les personnes espionnées figurent des avocats travaillant sur la disparition de 43 étudiants en 2014 ou encore le directeur de l’Institut mexicain pour la compétitivité, Juan Pardinas, qui milite pour une législation anti-corruption renforcée.

Sa femme avait reçu un message lui indiquant que son mari la trompait et lui proposant de cliquer sur un lien pour accéder à des preuves, selon le quotidien.

« Nous sommes les nouveaux ennemis de l’Etat » a déclaré M. Pardinas.

Source – Agences

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