La justice mexicaine a condamné jeudi à 32 ans et trois mois de prison un deuxième auteur du meurtre en mai 2017 du journaliste mexicain Javier Valdez, collaborateur de l’AFP, a annoncé le parquet.
Le juge chargé de l’affaire a prononcé «une condamnation à 32 ans et trois mois de prison contre Juan Francisco ‘P’, pour sa responsabilité pénale en tant que coauteur important dans le meurtre d’un journaliste de l’État de Sinaloa» a indiqué le parquet général dans un communiqué.
Juan Francisco ‘P’ avait été reconnu coupable de ce meurtre le 9 juin 2021. L’accusé, qui s’était vu offrir par le parquet une peine de 21 ans de prison s’il collaborait avec l’enquête et désignait le commanditaire de l’assassinat, n’a jamais reconnu les faits. Il s’agit de Juan Francisco Picos Berrueta, alias «el Quillo». Selon le parquet, il est l’un des deux individus qui ont tiré sur le journaliste ainsi que «celui qui a organisé le plan pour l’exécution». L’autre tireur présumé, Luis Ildefonso Sanchez, est mort depuis.
Un complice du meurtre, Heriberto Picos Barraza, alias «el Koala», avait été condamné en février 2020 à 14 ans et 8 mois de prison pour avoir servi de chauffeur aux tueurs.
Article du 23 janvier 2019 – Le journaliste Javier Valdez fut assassiné par les fils d’«El Chapo» !
Les fils du narcotrafiquant Joaquin Guzman, alias «El Chapo», ont tué le journaliste mexicain Javier Valdez, un spécialiste des affaires de drogue assassiné en mai 2017 au Mexique, a affirmé mercredi un ancien collaborateur d’El Chapo, actuellement en procès à New York.
Javier Valdez, un pigiste de l’AFP, «a désobéi aux ordres menaçants des fils» d’El Chapo et «c’est pour cela qu’ils l’ont tué», a indiqué à la barre Damaso Lopez Nunez, ancien patron de prison passé ensuite au service d’El Chapo et surnommé «Licenciado» (le diplômé).
Le journaliste, âgé alors de 50 ans, a désobéi en publiant précisément un entretien avec «Licenciado», a témoigné ce dernier. Le témoin a raconté aux jurés la genèse de cet entretien: voulant revenir sur des informations «complètement fausses» publiées par un autre journaliste mexicain, qui mentionnait le «Licenciado» comme l’un des responsables d’une opération contre les fils d’El Chapo, il avait décidé d’accorder une interview téléphonique à Javier Valdez. Ce dernier enquêtait alors sur la guerre de succession au sein du cartel de Sinaloa, après l’arrestation d’El Chapo en janvier 2016.
«Il a suivi son éthique»
Les fils d’El Chapo, Ivan Archivaldo et Alfredo Guzman, entendirent parler de l’entretien, et «obligèrent Valdez à ne pas le publier». «Mais lui a suivi son éthique et l’a publié quand même», dans son hebdomadaire Riodoce, a ajouté le témoin.
L’interview dressait un portrait peu flatteur des fils d’El Chapo. Elle avait été mal accueillie aussi bien par eux que par les partisans d’«El Licenciado», selon Ismael Bojorquez, cofondateur de Riodoce avec Valdez.
Damaso Lopez, arrêté le 2 mai 2017 par les autorités mexicaines, soit peu avant la mort de Valdez le 15 mai, a nié lors du contre-interrogatoire de la défense avoir commandité le meurtre de Valdez, après la publication d’un article très critique sur son fils, surnommé «Mini Lic». Selon l’avocat de la défense Eduardo Balarezo, l’article présentait «Mini Lic» comme «un bon à rien, un narcotrafiquant pathétique».
Un assassinat qui a choqué le Mexique
«Mon fils et moi-même sommes innocents de cet assassinat», a assuré le «Licenciado», qui a été condamné à la perpétuité aux Etats-Unis mais espère encore réduire sa peine en témoignant pour l’accusation.
Le témoin a aussi estimé possible qu’El Chapo lui-même n’ait pas su ce que faisaient ses fils. Le «Licenciado» a indiqué que son propre fils s’était rendu aux autorités américaines en juillet 2017, à la frontière, car les fils d’El Chapo voulaient l’assassiner.
L’assassinat de Javier Valdez avait choqué le Mexique, un des pays les plus dangereux pour les journalistes avec plus de 100 d’entre eux assassinés depuis l’an 2000, des crimes restés impunis pour la plupart. Valdez, avec le journal Riodoce, était l’un des rares à dénoncer les agissements du crime organisé, surtout dans la région de Sinaloa, dans le nord-ouest du Mexique, dont est originaire El Chapo.
Article du 24 avril 2018 – Le journaliste Javier Valdez, symbole de la liberté de la presse au Mexique
Le meurtrier « présumé » du journaliste mexicain Javier Valdez – spécialiste reconnu du narcotrafic et pigiste pour l’AFP – assassiné en mai 2017, a été arrêté, a annoncé lundi le ministre de l’Intérieur mexicain, Alfonso Navarrete.
« Tout à l’heure, ils ont arrêté l’auteur présumé du meurtre du journaliste Javier Valdez, qui a malheureusement perdu la vie l’année dernière à Sinaloa« , a écrit M. Navarrete sur son compte Twitter.
Les porte-parole du ministère de l’Intérieur n’ont pas fourni plus de détails sur cette interpellation conduite conjointement par la police et le parquet.
Ce journaliste réputé, âgé de 50 ans, a été tué le 15 mai 2017 en plein jour près de son bureau à Culiacan dans l’Etat de Sinaloa (nord-ouest), fief du cartel du narcotrafiquant Joaquin « El Chapo » Guzman, désormais incarcéré aux Etats-Unis.
« S’il est démontré qu’il s’agit réellement du coupable, nous aurons besoin de savoir pourquoi ils l’ont tué, et surtout qui a donné l’ordre » a commenté à l’AFP, Griselda Valdez, la veuve du journaliste, après l’annonce de cette arrestation.
« Il va s’agir d’un travail très long, et nous exigerons d’avoir beaucoup de détails » prévient cette femme qui a, pour des raisons de sécurité, été contrainte de quitter l’Etat de Sinaloa avec son fils pour s’installer dans la capitale. « Evidemment, je me mets à imaginer qu’il est possible que ce crime soit résolu » poursuit-elle.
Correspondant du quotidien La Jornada et cofondateur de l’hebdomadaire Riodoce, Javier Valdez était pigiste depuis une décennie pour l’AFP.
Il couvrait notamment la guerre de succession au sein du cartel de Sinaloa depuis l’extradition en janvier 2017 vers les États-Unis de Joaquin « El Chapo » Guzman. Son travail d’investigation sur le narcotrafic lui avait valu d’être distingué par le comité de protection des journalistes (CPJ) en 2011 à New York.
– Grand frère à l’éternel chapeau –
Valdez était une figure, avec son éternel chapeau sur la tête et sa chronique hebdomadaire « Mala Yerba » (Mauvaise herbe) mêlant journalisme et prose. Doté d’un sens de l’humour à toute épreuve, ce journaliste prolifique était l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Con una granada en la boca » (« Une grenade dans la bouche« ) et de « Miss Narco« .
Toujours prêt à aider les journalistes de passage, il aimait aussi transmettre son métier aux plus jeunes. « Vous devez sortir dans la rue. Vous n’allez pas vous contenter de répéter ce que disent les fonctionnaires. Vous devez enquêter« , répétait le professeur à ses élèves, a raconté peu après sa mort Karen Bravo, désormais reporter sur une chaîne de télévision locale. « Ce n’était pas un professeur, c’était un grand frère, un ami dans la salle de classe » selon cette jeune journaliste.
Javier Valdez paraissait parfois téméraire à vouloir publier toutes les enquêtes, mais jamais irresponsable, indiquait de son côté son ami Andres Villareal, chef des informations de Riodoce. Dans son travail quotidien, pour arriver à la version finale de son texte, « il était très prudent, très exhaustif« .
Pour sa chronique, il avait développé « cette combinaison entre le travail journalistique d’investigation et la prose« , en racontant de petites histoires de narco sous la forme de fictions, raconte le directeur de Riodoce, Ismael Bojorquez. Lorsqu’on est journaliste, « on ne peut pas ne pas parler de narcotrafic dans un Etat comme le Sinaloa« , selon Bojorquez, même si l’on doit chaque jour surmonter sa peur.
– Prix Breach-Valdez –
Depuis l’assassinat de Valdez, plusieurs initiatives ont vu le jour au Mexique pour perpétuer sa mémoire, exiger l’arrestation des coupables ou encore soutenir les journalistes mexicains.
Fin mars, l’ONU et l’AFP ont annoncé le lancement d’un prix annuel de journalisme à la mémoire de la reporter Miroslava Breach et de Javier Valdez, tous deux assassinés en 2017 dans ce pays. Le prix Breach-Valdez, auquel sont également associés l’Unesco et l’ambassade de France au Mexique, vise à « reconnaître la carrière de journalistes mexicains qui se sont distingués dans la défense des droits de l’homme« .
Il sera remis le 3 mai à Mexico, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse. Plus de 100 journalistes ont été tués au Mexique depuis 2000, selon les associations de défense de la liberté d’expression. En 2017, au moins 11 d’entre-eux ont été tués dans le pays, selon l’ONG Reporters sans frontière.
Article du 22 mars 2018 – L’ONU et l’AFP lancent un prix de journalisme au Mexique !
Le prix Breach-Valdez, lancé à la mémoire des reporters Miroslava Breach et Javier Valdez, assassinés en 2017 au Mexique, sera remis le 3 mai prochain, à Mexico, ont annoncé jeudi l’ONU et l’AFP.
L’ONU et l’AFP ont annoncé jeudi le lancement au Mexique d’un prix annuel de journalisme à la mémoire des reporters Miroslava Breach et Javier Valdez, assassinés en 2017 dans ce pays.
Le prix Breach-Valdez vise à « reconnaître la carrière de journalistes mexicains qui se sont distingués dans la défense des droits de l’homme », a indiqué en conférence de presse Giancarlo Summa, directeur du bureau d’information des Nations Unies au Mexique.
Javier Valdez, pigiste de l’AFP durant une dizaine d’années, et spécialiste du narcotrafic a été abattu en plein jour en mai à Culiacan, dans l’Etat de Sinaloa (nord-ouest).
L’enquête n’a pour l’heure par permis d’arrêter les responsables du crime de ce journaliste réputé, également co-fondateur de l’hebdomadaire Riodoce et collaborateur du quotidien La Jornada.
Miroslava Breach, qui était correspondante de La Jornada dans l’Etat frontalier de Chihuahua (nord), menait des investigations sur les liens présumés entre le pouvoir politique et le crime organisé dans cet Etat lorsqu’elle a été abattue, tandis qu’elle s’apprêtait à accompagner son fils à l’école.
Le prix Valdez-Breach, également parrainé par l’ambassade de France au Mexique, l’Unesco et l’Université Ibéro-américaine, sera remis le 3 mai à Mexico. Le lauréat sera notamment invité en France pour y parler de la situation de la presse au Mexique.
« Nous voulons combattre l’oubli, combattre la normalisation de cette violence pour que nous n’ayons plus à nous demander qui sera le prochain », a de son côté affirmé Jan Jarab, représentant au Mexique du haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.
Au moins 11 journalistes tués en 2017
Le prix est parrainé par le journaliste d’investigation mexicain José Reveles, auteur de plusieurs ouvrages dont une enquête sur l’affaire Florence Cassez.
Plus de cent journalistes ont été assassinés depuis 2000 au Mexique, ce qui en fait l’un des pays les plus dangereux au monde pour exercer l’activité de reporter. En 2017, au moins 11 d’entre eux ont été tués au Mexique, selon l’ONG Reporters sans frontière.
« Il n’y a aucun indice portant à croire que les crimes contre les journalistes vont s’arrêter », a constaté en conférence de presse Griselda Triana, la veuve de Javier Valdez. Mercredi soir, le reporter Leobardo Vazquez a été abattu dans l’Etat de Veracruz, devenant le deuxième journaliste assassiné depuis le début de l’année.
Source – Agences