Depuis 2006, plus de 200 000 morts violentes ont été enregistrées au Mexique. Rien qu’en 2018, 28 000 meutres ont été recensés. Les places dans les morgues sont, par conséquent, insuffisantes. Les responsables ont eu recours aux fosses communes mais ce n’ést toujours pas suffisant. De plus, la loi interdit d’incinération..
A Guadalajara des camions réfrigérés servent de morgues
Face à ce manque de place, le procureur régional de la ville de Guadalajara et le médecin légiste en chef ont décidé de placer 273 corps dans un camion réfrigéré. C’était la seule solution que ces responsables ont pu trouver avant l’ouverture d’un nouveau cimetière pour enterrer 800 corps.
Le camion se déplaçait de quartier en quartier dans l’agglomération de Guadalajara, élisant domicile la nuit sur la voie publique, non loin de riverains qui ont fini par se plaindre des mouches et des odeurs. Le 17 septembre, l’ouverture du camion par la police a révélé “un empilement de 157 cadavres”, explique l’agence d’information indépendante SDP Noticias, et les commanditaires de ce véhicule frigorifique : le parquet général et la morgue de cette ville de 5 millions d’habitants, capitale de l’État de Jalisco. Ces dépouilles sont celles de personnes non identifiées.
Les corps “appartenant au parquet général étaient sous réfrigération depuis 2016”, ajoute SDP Noticias, avant d’informer ses lecteurs qu’un second camion contenant 80 cadavres était lui aussi en déshérence, tout en restant stationné dans l’enceinte de la morgue.
L’indignation est à son comble
Des vidéos montrant ce camion ouvert où se trouvaient les 273 corps entassés ont été relayées par les médias. Cette scéne a provoqué un scandale et l’indignation de toutes parts. Le procureur régional de la ville de Guadalajara, le médecin légiste en chef ont été limogés.
A Tijuana, les autorités médico-légales sont débordées par une vague de violence d’une ampleur jamais vue. Depuis bientôt deux ans, les frigos de la morgue de Tijuana débordent, dans certaines fosses on n’enterre « que les têtes et les bébés » et de nombreux corps ont du mal à être identifiés. Dans le quartier Maclovio Rojas, le cartel Arellano-Felix faisait liquéfier ses victimes dans l’acide caustique. Lire l’article de Clément Detry ICI.
Des moyens techniques insuffisants
Les autorités invoquent le grand nombre de dépouilles non identifiées qui sont placées sous la responsabilité des autorités judiciaires et de la morgue, sans que celles-ci disposent de moyens pour inhumer les corps.
Du déchet, des ordures, de la bouffe pour les charognards, voilà ce que nous, les citoyens, sommes aux yeux de l’État”, s’indigne un éditorialiste d’Excelsior. La commission des droits de l’homme a rappelé à la justice son devoir “de faire un relevé complet d’informations sur ces corps, y compris des profils génétiques”, rapporte El Universal.
et des charniers dans l’état de Veracruz mais pas seulement !
Et dans l’État de Veracruz, les autorités mexicaines ont fait une macabre découverte. Le procureur de l’État a annoncé le 6 septembre l’exhumation des crânes et d’autres restes humains de 166 personnes. Pour des raisons de sécurité, il n’a pas dévoilé l’emplacement exact du charnier, mais les corps y auraient été enterrés il y a plus de deux ans selon les analyses de la police scientifique.
Les médias rappellent que les cartels de la drogue enterrent leurs victimes à Veracruz depuis de nombreuses années. En mars de l’année dernière, ce sont pas moins de 250 crânes humains qui y avaient été découverts. Son territoire est disputé par les organisations criminelles les plus violentes du Mexique, tels que le cartel de Sinaloa, le cartel Jalisco Nueva Generación, Los Caballeros Templarios (ou « Chevaliers Templiers »), les Zetas, le cartel des frères Beltrán Leyva, la Familia Michoacana, le cartel de Juárez et le cartel du Golfe.
Aussi, il est à l’heure actuelle impossible de dire quels narcos sont responsables de ces atrocités. Les autorités ont également retrouvé plus de 100 cartes d’identité et 200 vêtements qui permettront, en plus de l’analyse des crânes, d’établir précisément le nombre de victimes et de dévoiler leur identité.
La police scientifique utilise notamment des drones et des radars à pénétration de sol habituellement utilisés par les archéologues pour faire avancer l’enquête. Ils craignent de découvrir sous peu davantage de victimes.
Plus de 340 fosses communes ont été découvertes sur le territoire de l’État mexicain de Veracruz en 2017 !
Comme d’autres États mexicains, le Jalisco est également littéralement dépassé depuis plusieurs années par la découverte de charniers, anciens ou récents. Les chiffres sont explicites, détaille Mural.com, le site du quotidien de Guadalajara : de janvier à juillet 2018, le nombre d’assassinats s’est élevé à 1 533. Et le taux de meurtres élucidés, à 0,42 %.
La Rédaction – (www.laprensafrancesa.com.mx)
VIDEO REPORTAGE
Au Mexique, depuis 2006 et le début de la guerre contre le narcotrafic, des dizaines de milliers de personnes sont portées disparues. Les victimes ont-elles été tuées, livrées aux narcotrafiquants ou encore aux réseaux de prostitution ? Leurs proches restent sans réponse. Les forces de l’ordre, quant à elles, sont soupçonnées d’être complices d’un grand nombre de ces disparitions.
Les reporters Laurence Cuvillier et Matthieu Comin ont enquêté pour FRANCE24 dans le centre du Mexique, dans le Jalisco et le Veracruz, les zones les plus dangereuses du pays. Ils ont rencontré les proches des personnes disparues, qui se battent pour connaître la vérité… et vivent dans la peur des autorités.