Les quatre candidats à l’élection présidentielle mexicaine l’ont promis : ils mettront fin à la corruption. Pas si facile dans un pays où tous les échelons de la politique sont concernés. Le mandat de l’actuel président Enrique Peña Nieto (2012-2018) n’aura pas fait exception à cette règle.
Le mandat de l’actuel président Enrique Peña Nieto (2012-2018) n’aura pas fait exception à cette règle. Le quotidien espagnol El País souligne que ces six ans de gouvernement ont été marqués par de nombreux scandales de corruption. Ainsi, l’entourage proche du président a par exemple “utilisé des sociétés écrans pour simuler des contrats avec des dizaines d’universités publiques à travers le pays”.
Et cet épisode n’est qu’une petite partie des affaires révélées par l’enquête de plusieurs volets du journal mexicain Animal Político, “La Estafa Maestra” [la grande arnaque], ironiquement sous-titrée : “Diplômés en siphonnage de l’argent public.”
Un énorme déficit de confiance
“Les autorités fiscales affirment qu’il existe dans le pays plus de 6500 sociétés écrans avec un chiffre d’affaires, entre 2012 et 2017, de plus de 700 milliards de dollars, soit près de 5% du PIB national”, calcule El País. Au total, la corruption coûterait chaque année au Mexique 10% de son PIB, selon un calcul de la banque du Mexique. Le Pib Mexicain c’est 1,050 MM de Usd en 2016 par an en baisse de 1,298 MM de Usd en 2014 !
Comme le rappelle le Huffington Post México, la corruption et la perception que les citoyens en ont “sapent l’État de droit et les principes d’égalité, minent la confiance envers les institutions politiques, réduisent la participation civique et ont un impact négatif sur la satisfaction des citoyens envers la démocratie”.
Ce thème clé de la campagne pour les élections du 1er juillet a une résonance d’autant plus grande qu’il touche tous les niveaux du pouvoir. Il s’agit en outre “d’un comportement normalisé par la société”, poursuit le Huffington Post :
Comme il y a des fonctionnaires pour demander des pots-de-vin, il y a des citoyens pour acheter des juges.”
De fait, la corruption s’exerce à tous les échelons, et notamment au niveau local. Selon l’Institut mexicain de statistiques (INEGI), cité par le quotidien mexicain Sin Embargo, “il y a chaque année entre quatre et cinq millions d’actes de petite corruption, en moyenne un par fonctionnaire [au niveau national, régional et municipal]”.
Des promesses, comme toujours
Face à l’ampleur du phénomène, tous les prétendants à la fonction présidentielle l’ont promis : ils lutteront contre la corruption. S’ils accèdent à la présidence, les quatre candidats prévoient ainsi de nommer un procureur général et un procureur anticorruption, tous deux autonomes et indépendants.
Une mesure nécessaire, selon la revue Letras Libres : “Un procureur autonome garantit l’impartialité politique au moment d’enquêter sur les délits. Dans le modèle actuel, le président a le contrôle total du bureau du procureur de la République (PGR), puisqu’il peut nommer et renvoyer son titulaire à volonté. Cela rend presque impossible une enquête sérieuse de la PGR sur des affaires dont le gouvernement est le principal suspect (par exemple, la Estafa Maestra).”
Le président sortant, Peña Nieto, a lui-même fait adopter des mesures anticorruption et une loi destinée à rendre les procédures publiques plus transparentes. Pourtant, le Mexique reste loin du compte. Pour le site Sin embargo,la lutte contre la corruption ne se gagnera pas en un claquement de doigts : “Le mieux que puisse offrir un candidat est d’amorcer un changement, un lent et tortueux processus qui nous mettrait sur le chemin de la solution.”
Source – Agences, revues diverses