L’annulation concerne 46 gisements situés dans le Golfe du Mexique. Le nouveau président de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, veut revoir la politique des concessions et évaluer ses résultats.
La politique des concessions pétrolières au Mexique vit-elle ses derniers instants ? Les dernières enchères prévues pour attribuer des gisements de pétrole au secteur privé vont être annulées par le gouvernement du nouveau président de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, a-t-on appris mardi.
Sur ordre du ministère de l’Energie, la Commission nationale sur les hydrocarbures (CNH) a ainsi annulé les deux dernières enchères prévues par le précédent gouvernement – elles comprenaient 46 gisements -, afin de « revoir la politique énergétique et évaluer ses résultats ».
Réforme de l’ex-président
Les gisements concernés se situent dans le Golfe du Mexique, une zone très riche en hydrocarbures. L’été dernier, l’américain Talos Energy et l’italien ENI ont annoncé deux découvertes offshore d’au moins 1 milliard de barils chacune.
Pour inverser le déclin de la production pétrolière, tombée à 1,8 million de barils par jour l’an passé (contre 3,7 millions en 2005), l’ex-président Enrique Pena Nieto, avait mis fin au monopole d’Etat (vieux de 80 ans) de la compagnie nationale Pemex, et décidé, comme élément phare de sa réforme lancée en septembre 2014, l’attribution aux enchères de gisements à des groupes privés.
Plus de cent contrats ont ainsi été attribués depuis le début de ce processus, notamment à des géants comme Exxon Mobil, Shell, Total et BP, pour un montant total d’investissements de 150 milliards de dollars.
« La balle est dans leur camp »
Un processus que le nouveau président de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador élu confortablement en juillet , avait qualifié de « farce » durant la campagne. Après sa victoire, la CNH avait déjà annoncé la suspension des enchères.
Article du 1er février 2018 – Le Mexique accélère la mise aux enchères des gisements pétroliers off-shore !
Le Mexique a attribué mercredi aux enchères 19 gisements de pétrole en eaux profondes situées dans le Golfe du Mexique, lors de la plus importante vente aux enchères depuis que le pays a ouvert son secteur énergétique au privé.
Dix-neuf sociétés pétrolières ont participé à ces huitièmes enchères, dont le groupe français Total, qui n’a déposé qu’une offre pour laquelle il n’a pas été retenu.
Le géant pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell a remporté neuf lots, quatre en son nom, quatre au sein d’un consortium avec Qatar Petroleum, et un autre associé au géant pétrolier mexicain Pemex.
Pemex a remporté quatre lots, dont deux en son nom propre. PC Carigali, filiale du géant pétrolier malaisien Petronas, a remporté six lots, deux seul et quatre en alliance avec d’autres sociétés. Les gisements sont tous situés au large de l’Etat de Tamaulipas, au nord-est du Mexique. Ils possèdent des réserves estimées au total à 4,2 milliards de barils.
Dix gisements n’ont pas trouvé preneurs !
« C’est un nouveau succès pour le secteur pétrolier au Mexique », s’est félicité le ministre adjoint des hydrocarbures Aldo Flores. Ces attributions devraient générer un investissement de 93 milliards de dollars et pourraient créer 230.000 emplois durant les quinze premières années, selon le ministre. La production pourrait débuter en 2028.
Par la mise aux enchères de ces gisements, le Mexique cherche à contrer la baisse de sa production, qui a encore chuté de 9,6% en 2017, selon des chiffres de la société Pemex.
Le Mexique est notamment en concurrence avec le Brésil pour attirer les investisseurs étrangers vers son secteur énergétique. « Le Brésil est très attractif pour les sociétés qui opèrent en eaux profondes », selon Alejandra Leon, analyste chez IHS Markit.
Ces huitièmes enchères font suite à la réforme énergétique lancée par le président Enrique Peña Nieto en 2013, qui a mis fin au monopole d’Etat du géant pétrolier mexicain Pemex, vieux de près de 80 ans
Article du 13 juillet 2017 – Pétrole : deux découvertes majeures au large du Mexique !
La réforme pétrolière mexicaine commence à payer. Deux découvertes offshore d’au moins 1 milliard de barils chacune ont été annoncées mercredi.
Moins de trois ans après sa grande réforme de l’énergie, le gouvernement mexicain peut se réjouir. Mercredi, coup sur coup, deux découvertes majeures de pétrole ont été annoncées dans le pays.
Une de compagnies mené par l’américain Talos Energy (avec le mexicain Sierra Oil & Gas, et le britannique Premier Oil) a annoncé que ses puits d’exploration Zama, dans le Bloc 7, avaient abouti à la découverte d’ », selon Premier Oil, et même « », selon Sierra.
Le même jour, l’italien ENI a indiqué que le forage d’un troisième puits d’exploration sur le gisement d’Amoca, dans la baie de Campeche (sud du pays) lui permettait d’estimer les ressources en place à 1 milliard de barils de pétrole, et jusqu’à 1,3 milliard dans une zone élargie.
Ouverture aux étrangers
« Ces deux découvertes significatives, toutes deux effectuées en eaux peu profondes, permettent d’être optimistes sur la poursuite des opérations au Mexique. On peut dire que c’est le début de l’exploration d’une nouvelle zone, commente Francis Perrin, directeur de recherche à l’Iris. En outre, ces annonces permettront au Mexique de tirer les premiers dividendes de sa réforme. »
En septembre 2014, le président mexicain, Enrique Peña Nieto, avait fait passer une loi historique, permettant aux compagnies privées d’opérer dans le pays dans le secteur de l’énergie. Une véritable révolution, délicate à faire accepter, alors que la compagnie pétrolière nationale Pemex (Petroleos Mexicanos) détenait le monopole du pétrole et du gaz au Mexique depuis la nationalisation du secteur en 1938. Le pays souhaitait notamment attirer les compagnies étrangères, qui disposent des technologies et des moyens financiers (énormes) nécessaires pour développer les ressources du pays.
« La découverte de Zama, la première effectuée par une compagnie privée au Mexique depuis quatre-vingts ans (Amoca avait été découvert en 2003 par Pemex, mais pas développé), est la réussite la plus importante à ce jour de la réforme de l’énergie mexicaine », estime Pablo Medina, du cabinet Wood Mackenzie. Le gouvernement avait commencé à attribuer des blocs (dont Zama et Amoca) à des compagnies privées dès 2015. Depuis, il a lancé quatre autres tours d’enchères, qui lui ont déjà permis de signer 39 contrats représentant, selon lui, 49 milliards de dollars d’investissement (43 milliards d’euros). Total en a gagné plusieurs, comme opérateur ou en consortium. Mais aussi ExxonMobil, Shell, Chevron, CNOOC…
Inverser le déclin
« Compte tenu de l’abondance des réserves connues dans le golfe du Mexique côté américain, il aurait été étonnant de ne pas effectuer de découvertes côté mexicain le jour où le pays s’ouvrirait », relève Francis Perrin. Les annonces de mercredi permettront cependant de conforter les compagnies internationales dans leur choix d’investissement au Mexique, alors qu’elles se montrent plus sélectives en période de prix bas du pétrole. Et, espère le gouvernement, d’inverser la tendance du déclin de la production pétrolière du pays, tombée à 2 millions de barils par jour, contre 3,7 millions en 2005. ENI espère démarrer la production sur Amoca début 2019.
Source – (Anne Feitz, Les Echos)