Le Mexique, l’un des pays les plus touchés par le trafic de drogue, est en train de changer totalement sa politique de lutte contre les stupéfiants. Il l’a présentée lors de la Conférence de l’ONU sur les stupéfiants, qui s’est ouverte jeudi à Vienne.
Le Mexique est tristement connu pour les massacres que génèrent les affrontements entre cartels et forces de l’ordre. Malgré la réponse musclée mise en place depuis plusieurs années, le problème s’aggrave.
Selon le responsable de la sécurité multidimensionnelle Isaac Morales, le pays se trouve à un tournant depuis l’élection d’Andres Manuel Obrador, nouveau président de gauche: « Cela nous a donné la possibilité, ou la nécessité, de stopper la politique de drogue, afin de regarder de façon critique ce qui a fonctionné, et ce qui n’a pas fonctionné. »
Il continue: « La guerre contre la drogue avec une approche uniquement punitive, n’a pas donné les résultats que l’on attendait. En effet, la consommation a augmenté, les organisations criminelles ont renforcé leur pouvoir, ce qui a provoqué encore plus de violences. »
Régularisation du cannabis en vue
Il s’agira de tenir compte de la différence entre les diverses substances présentes sur le marché, car toutes ne provoquent pas les mêmes dégâts. Par exemple, explique Isaac Morales, « le cannabis représente au Mexique 80% de la consommation de drogue. Et c’est aussi par ce biais que les jeunes tombent dans les réseaux réseaux criminels. C’est pour cela que nous optons pour une régulation responsable, graduelle. »
Pour autant, le Mexique ne prône pas une légalisation complète du cannabis: « Ce n’est pas un processus de libre marché, c’est un processus de régulation avec un contrôle strict, dont le but est de retirer du marché illégal une des sources de cooptation des jeunes par la délinquance. »
A ces mesures, le gouvernement ajoutera un programme de développement ciblant les populations pauvres susceptibles de devenir criminelles, ainsi qu’une lutte contre les cartels, ciblée sur le blanchiment d’argent et la lutte contre la corruption.
Source – Anouk Henry/spe