Le Mexique a enregistré un léger recul de 3,6 % des homicides perpétrés sur son sol par rapport aux records de 2019 et 2020, tout en restant l’un des pays les plus dangereux au monde avec une moyenne de 91,25 meurtres par jour.
La violence ne frappe pas avec la même intensité tous les points du territoire de cet immense pays de près de deux millions de kilomètres carrés, le septième le plus visité au monde avec ses plages et ses 35 sites culturels inscrits à l’UNESCO.
« Six États sur 32 concentrent 50 % des victimes d’homicides », a indiqué la ministre de la Sécurité publique, Rosa Icela Rodríguez lors d’une conférence de presse.
Il s’agit de l’État de Mexico-à la périphérie de la capitale-et de Guanajuato (centre), la Basse-Californie et le Chihuaha (nord) le long de la frontière avec les États-Unis, et d’autres plaques tournantes du trafic de drogue comme le Jalisco ou le Michoacán.
Deux touristes tuées en octobre
Un record de 34 690 homicides avait été enregistré en 2019, suivi de 34 554 en 2020, année de réduction des activités sociales dans le sillage de la pandémie. En 2021, le chiffre est tombé à 33 308.
Malgré la violence, le Mexique (128 millions d’habitants) avait reçu 45 millions de visiteurs en 2019, d’après l’Organisation mondiale du tourisme.
Le pays a maintenu ses frontières ouvertes pendant la pandémie pour soutenir ce secteur. En 2021, la violence a touché sporadiquement la station balnéaire de Tulum sur le golfe du Mexique où une Allemande et une Indienne ont été tuées fin octobre, et Cancún, où une fusillade a éclaté sur la plage d’un hôtel de luxe.
D’autres régions très touristiques sont considérées comme relativement sûres, comme la ville coloniale de Puebla ou l’État de Oaxaca, le Yucatán, le Campeche
L’État de Zacatecas (centre) a inversement connu une hausse des violences en 2021. Dix corps ont encore été retrouvés début janvier dans une camionnette garée près du siège du gouvernorat.
« Il y a des affrontements entre des groupes et c’est bien sûr une provocation », a réagi le président de la République Andres Manuel Lopez Obrador qui a envoyé des renforts sécuritaires sur place fin 2021.
Zacatecas serait un terrain d’affrontement entre deux des principaux cartels du narcotrafic, Sinaloa et Jalisco Nueva Generacion.
Juárez en tête des féminicides
Présentée par les médias étrangers comme la capitale mondiale des féminicides, Ciudad Juárez reste en tête des statistiques avec 16 femmes tuées en 2021, d’après le gouvernement.
Une centaine d’activistes ont protesté jeudi soir contre l’assassinat de deux lesbiennes retrouvées dimanche découpées en morceaux dans cette ville-frontière en face d’El Paso (Texas). Au total 3427 femmes ont été assassinées sur les onze premiers mois de l’année 2021 au Mexique, avait rapporté le gouvernement le 25 décembre.
« Le vol sur des passants, dans les transports publics et individuels, l’extorsion et les viols sont des délits qui ont augmenté. Nous devons améliorer le travail et les résultats », a reconnu la responsable sécuritaire de Lopez Obradror.
L’histoire de la violence au Mexique est ancienne. Quelque 340 000 personnes ont été tuées depuis 2006, date à laquelle l’ex-président Felipe Calderon a déclaré une « guerre totale » au narcotrafic. Le Mexique compte aussi plus de 95 000 disparus, selon les chiffres officiels de la Commission nationale des recherches.
« Nous ne pouvons pas parler de moindre niveaux de violence quand nous avons plus de 50 000 disparus, avec la probabilité que beaucoup sont morts et enterrés dans une fosse commune », a commenté Francisco Rivas, de l’ONG Observatoire national citoyen.
Depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2018, le président Lopez Obrador a prétendu rompre avec la stratégie répressive face au crime organisé de ses prédécesseurs en lui préférant le slogan « Abrazos, no balazos » (« Des accolades, pas de fusillades »). L’un de ses proches conseillers suggère même un dialogue avec les narcotrafiquants.
D’après le Global Peace index, un classement qui range les pays du monde selon leur degré de pacifisme, « l’état de la paix » au Mexique est « faible ». Le pays occupait en 2021 la 140e place sur 163, derrière les territoires palestiniens ou encore l’Éthiopie.
Source – Agences