Andres Manuel Lopez Obrador a prêté serment samedi comme président de la République du Mexique lors d’une cérémonie devant le Parlement, laissant présager un profond changement de politique dans un pays lassé par la corruption, la pauvreté et la violence.
Le leader de gauche antisystème débute un mandat de six ans avec une majorité aux deux chambres du Congrès et la promesse d’une profonde « transformation » du pays, mais avec l’inquiétude des milieux d’affaires qui voient en lui un leader autoritaire et radical.
Le Ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, Jean-Michel Blanquer, s’est rendu samedi 1er décembre à la cérémonie d’investiture du président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, en représentation du président de la République, Emmanuel Macron.
-Un président anti-système-
Surnommé « AMLO », suivant ses initiales, M. Lopez Obrador, qui s’est fait élire comme candidat anti-système, a promis d’accomplir une « transformation » historique du Mexique.
Après sa large victoire à l’élection présidentielle du 1er juillet, et la majorité obtenue par la coalition dirigée par son parti Morena aux deux chambres du Congrès, il bénéficiera d’une marge de manoeuvre inédite pour un président mexicain.
AMLO, 65 ans, hérite toutefois de son impopulaire prédécesseur Enrique Pena Nieto d’une série de problèmes épineux.
Sur la pile des dossiers qui l’attendent figurent notamment la violence croissante alimentée par le narcotrafic, la corruption endémique, la crise migratoire avec une caravane de 6.000 migrants qui campe à la frontière nord, sans oublier une relation diplomatique hautement inflammable avec les Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump.
-La lutte contre la corruption pour financer les programmes sociaux-
Confronté à des crises sur de nombreux fronts, M. Lopez Obrador promet une présidence unique en son genre, martelant qu’il va « en finir avec la corruption » et la gabegie d’argent public pour financer notamment différents programmes sociaux.
Il a renoncé à occuper la résidence présidentielle, à utiliser l’avion présidentiel, à bénéficier d’une sécurité rapprochée et va réduire son salaire de plus de moitié.
Beaucoup craignent toutefois que son gouvernement ne verse dans une forme d’autoritarisme et de radicalisme, et certains déplorent le flou qui entoure son programme.
Le monde des affaires de la deuxième puissance d’Amérique latine est particulièrement nerveux et, depuis les élections, le peso mexicain et la bourse mexicaine ont plongé.
La défiance a été exacerbée par sa décision d’annuler fin octobre la construction du futur aéroport à Mexico, d’un coût de 13 milliards de dollars, dont un tiers est déjà achevé, après une consultation publique entachée d’irrégularités.
– Changement de style –
Son intronisation à la tête du Mexique fut très différente de celle de ses prédécesseurs.
Après avoir prêté serment et revêtu l’écharpe présidentielle devant les membres du Congrès et ses invités, M. Lopez Obrador s’est rendu sur la place centrale de Mexico, le Zocalo, afin d’y être intronisé par un représentant des peuples indigènes mexicains.
Un moment de communion très émouvant avec le peuple, les commuanautés indigènes du Mexique et l’occasion pour lui, lors du discours, de refaire la liste complète des 100 mesures qu’il compte prendre durant son mandat !
C’est au palais national, siège historique du pouvoir longtemps désaffecté – et qui abrite des peintures murales du grand peintre mexicain Diego Rivera -, que le nouveau président envisage d’installer ses bureaux.
Il délaissera l’actuelle résidence présidentielle de Los Pinos, un vaste complexe situé dans un parc verdoyant à l’écart de l’agitation de la capitale, qui dès samedi est partiellement ouvert au public.
De nombreux présidents d’Amérique latine, dont le Vénézuélien Nicolas Maduro, ont fait le déplacement à Mexico ainsi que le roi d’Espagne Felipe VI, le vice-président américain Mike Pence et Ivanka Trump, la fille du président américain.
Donald Trump, actuellement au sommet du G20 en Argentine, a jusqu’à présent noué une relation étonnamment chaleureuse avec M. Lopez Obrador, même si la crise migratoire à la frontière pourrait compliquer la lune de miel.
Le président américain fait pression sur AMLO pour qu’il accepte un accord stipulant que les migrants demandant d’asile aux Etats-Unis resteront sur le sol mexicain le temps que leur demande soit étudiée par les autorités américaines.
Le ministre des Affaires étrangères de M. Lopez Obrador, Marcelo Ebrard, devrait se rendre à Washington dès dimanche pour des entretiens à ce sujet avec son homologue américain Mike Pompeo.
Sources – Rédaction et agences
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