Le gouvernement veut que sa stratégie de vaccination des citoyens français prenne, dès sa genèse, en compte les Français de l’étranger. Jean-Baptiste LEMOYNE, le secrétaire d’Etat aux Français hors de France a réuni vendredi 11 décembre les parlementaires pour leur exposer son plan.
Un article de notre partenaire en France :
Tirer les leçons du H1N1
EN 2009-2010, 550.000 doses de vaccin contre le H1N1 avaient été envoyées pour 1,4 million de Français inscrits au registre à cette date. Seulement 62 800 expatriés se sont fait immuniser à travers le réseau consulaire.
Cette faible participation s’explique en partie par un défaut d’information de nos compatriotes. Mais en 10 ans la communauté des Français de l’étranger a doublé et s’est organisée. En s’appuyant sur les consulats, les alliances françaises, les accueils des Français et le réseau scolaire, de nombreuses associations se sont épanouies.
Avec la création en 2014 des élus consulaires, les territoires sont mieux maillés. Cependant, comme l’a démontré la disparité de l’information transmise tout au long de la pandémie actuelle, des consignes claires et communes sont attendues de leur ministère respectif par tous les acteurs de la communauté.
L’autre explication à ce faible taux de couverture de la campagne de vaccination de 2009-2010 : Le H1N1 est incomparable à la Covid-19. 10 000 décès pour le premier, la moitié de la planète touchée, tandis qu’aujourd’hui, alors que la maladie fait encore rage, le monde entier compte ses morts avec un total de 1 600 000 (au 11/12/20).
Equité de traitement et subsidiarité
Lors de la réunion avec les députés et sénateurs, le secrétaire d’Etat, Jean-Baptiste LEMOYNE, a indiqué que sa stratégie pour les Français de l’étranger reposera sur deux grands principes : équité de traitement entre Français de l’étranger/Français de France et subsidiarité.
Déploiement similaire à celui réalisé en France
La campagne de vaccination contre la Covid-19 pour les expatriés sera effectuée en 3 phases comme en France : janvier à février (EHPAD, personnels en contact avec des personnes âgées), phase 2 : personnes à risque ; phase 3 : reste de la population. Et là aussi comme sur le territoire national, 4 principes s’appliqueront : non obligatoires, gratuits, disponibilité, déploiement via la médecine de ville.
Retenant une suggestion d’Amelia LAKRAFI, Députée (LREM), Jean-Baptiste LEMOYNE proposera au gouvernement de faire appel aux Instituts Pasteurs, aux centres médicaux sociaux (OLEF) et aux médecins des ambassades.
Marc Villard (PS), qui préside l’Assemblée des Français de l’Etranger, suggère lui d’ouvrir le réseau médical de la CFE aux non-adhérents. La caisse rembourserait ou prendrait en charge tous les expatriés et l’Etat la rembourserait à son tour.
Adapter la campagne aux enjeux locaux
Anne Genetet, députée (LREM), s’est opposée à un déploiement systématique et massif, rappelant que tous les pays n’homologueront pas le même vaccin, que cette démarche peut amener à des tensions géopolitiques, etc. Elle propose d’intervenir uniquement en dernier recours comme au Koweit où les vaccins seront refusés aux étrangers.
Claudine Lepage, sénatrice (PS), la rejoint, au moins partiellement. Dans certains pays, la couverture proposée par les pays de résidence sera similaire à celle française. C’est particulièrement le cas au sein de l’Union européenne, en vertu de l’égalité de traitement des européens, nos compatriotes dans ces pays seront pris en charge par l’Etat d’accueil. Elle s’interroge pour les autres pays.
C’est aussi l’inquiétude de son collègue, Christophe Frassa (LR), il se demande « comment envisager la campagne dans les pays où il n’y a pas de campagne nationale de vaccination ? »
Une « Task Force » contre la Covid-19 au Quai d’Orsay
Axel CRUAU, responsable de la « Task force Covid » au Ministère des affaires étrangères français, présent à la réunion, a exposé les actions qui seront mises en place au cours des prochaines semaines. Des questionnaires pour les postes diplomatiques, des relances des partenariats avec les autres états de l’Union européenne, un dialogue pour retour d’expérience avec la CFE sur la campagne de 2009-2010.. Finalement beaucoup de papiers mais encore peu d’actions…
Et comme l’indique dans un courrier envoyé aux élus consulaires à la suite de la réunion, le sénateur Robert del Picchia (LR), les vraies questions sont en suspens : « quid des pays qui obligeraient à se vacciner ? Quid des agents de l’État et des agents locaux ? (..) Quels pays choisiront le nationalisme vaccinal ? »