La lutte contre la criminalité a été au centre dimanche du premier débat télévisé pour l’élection présidentielle mexicaine du 1er juillet. « Le débat a été gagné par Anaya, mais ça n’aura pas de conséquences« , estime de son côté l’historien Hector Aguilar Camin. Quant à Meade, le candidat du parti au pouvoir, « il a définitivement perdu » juge cet expert.
Haro sur López Obrador !
Le candidat de gauche et favori des sondages, Andres Manuel Lopez Obrador, a essuyé de nombreuses critiques pour avoir proposé une amnistie à certains délinquants. Ses quatre rivaux ont fait feu de tout bois contre cette proposition du candidat du parti Morena (gauche).
« Envisager le pardon aux criminels est une folie qui provoquerait une énorme violence dans le pays » a dénoncé Ricardo Anaya, 39 ans, qui dirige une coalition de partis de droite et de gauche.
José Antonio Meade, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), a accusé Lopez Obrador d’être devenu « la marionnette des criminels » poussé par « sa soif de pouvoir« .
Une amnistie « ne signifie pas impunité » s’est défendu celui que l’on surnomme AMLO. « Nous allons convoquer des experts et élaborer un plan pour définir comment cette amnistie va être menée. J’invite même le pape François! » a-t-il précisé.
Le vétéran de gauche, qui se présente pour la troisième fois à la présidentielle, s’est engagé à combattre la pauvreté, notamment chez les jeunes, dont l’augmentation explique selon lui le taux de criminalité record observé dans le pays.
« Ne criminalisez pas la pauvreté! » lui a lancé la candidate indépendante Margarita Zavala, femme de l’ancien président Felipe Calderon. « Les criminels sont pleins d’argent« .
Le candidat de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO) est en tête des sondages
Face aux critiques, AMLO, 64 ans, a fini par brandir un croquis montrant son avance dans les sondages. « C’est la dernière enquête d’opinion, je ne veux pas me vanter: 48% de soutien » a-t-il ironisé.
Anaya et Meade se sont attachés à écorner l’image d’un candidat décidé à purger « la mafia du pouvoir« , l’accusant d’avoir intégré dans sa campagne des politiciens mêlés à des cas de corruption, d’avoir salarié dans son parti plusieurs membres de sa famille ou encore de dissimuler son patrimoine.
Anaya, qui figure en deuxième position dans les sondages, a également critiqué la stratégie du gouvernement qui consiste selon lui à « décapiter les cartels » au lieu de les démanteler après un long travail d’investigation « comme en Italie« .
Plus insolite, le candidat indépendant Jaime Rodriguez Calderon, surnommé « El Bronco« , a proposé de « couper la main » des voleurs pour faire baisser la délinquance, proposition qui a déclenché aussitôt de nombreux commentaires amusés des internautes mexicains.
Un débat pour rien ?
Selon l’analyste politique Leo Zuckermann, ce débat pourrait constituer « un point d’inflexion » pour Anaya qui pourrait grimper dans les sondages où il recueillent pour le moment 25% des intentions de vote.
Quant à Meade, le candidat du parti au pouvoir, « il a définitivement perdu » juge cet expert. « Pour lui, c’était maintenant ou jamais, mais c’est Anaya qui apparaît désormais comme celui capable battre Lopez Obrador« .
« Le débat a été gagné par Anaya, mais ça n’aura pas de conséquences« , estime de son côté l’historien Hector Aguilar Camin.
Le prochain président mexicain sera élu le 1er juillet lors d’un suffrage à un tour. Les deux chambres du Congrès doivent être également renouvelées ainsi que de nombreux mandats locaux.
Source – Agences