Loin de l’agitation des passagers, des files d’attente et des douaniers, Madison déploie ses ailes sur le côté d’une piste de décollage de l’aéroport de Mexico, le plus fréquenté d’Amérique latine.
C’est l’un des faucons pèlerins chargés d’éviter que des oiseaux n’entrent en collision avec des avions, ce qui pourrait provoquer un accident ou perturber le trafic de l’aéroport et de ses 44 millions de passagers annuels.
La menace que font peser les oiseaux pour la sécurité des vols n’est pas négligeable. En 2009, un avion de US Airways avait dû se poser sur la rivière Hudson à New York après avoir percuté une nuée d’oiseaux. Fin janvier, un vol KLM Amsterdam-Mexico a dû faire un atterrissage d’urgence après avoir percuté des oiseaux au décollage aux Pays-Bas.
« C’est dangereux, les oiseaux ne peuvent cohabiter avec les avions, ils peuvent être happés dans une turbine », explique Oscar Chavez, 26 ans, un des biologistes en charge des faucons pèlerins sur l’aéroport.
Chaque jour de l’année, Madison et Ilse, les deux faucons pèlerins de l’aéroport, sortent « travailler » et volent aux abords des pistes. « Les autres oiseaux se rendent compte que leur prédateur est là et ils se dispersent », ajoute Nayely Flores, chargée du contrôle de la faune sur ce terminal.
Préparer Madison pour une de ses sorties nécessite une certaine minutie. »C’est quasiment un rituel », raconte le biologiste tandis qu’il prépare l’oiseau pour son vol quotidien. Il lui fixe à la patte un système de localisation, tout en préparant un appât constitué de viande de caille pour détourner son attention.
– Nouvelle méthode –
Certaines fois, en fonction du climat, Madison peut voler durant deux heures. Comme tous les rapaces, il aime planer dans les courants d’air chaud. Néanmoins, avec le froid qui touche ces jours-ci la capitale mexicaine, les sorties sont plus courtes. Mais l’objectif semble tenu: aucun oiseau n’est visible aux alentours.
Hirondelles, faucons crécerelles et milans font partie des espèces que Madison et Ilse doivent chasser. Avant 2014, pour contrôler la faune, les autorités aéroportuaires utilisaient des rapaces qui fondaient sur leur proie et s’en nourrissaient.
Avec la méthode actuelle, les faucons sont dressés pour voler et éloigner les autres oiseaux. Les biologistes évitent ainsi qu’ils s’attaquent à des espèces protégées. »Si cela se produisait, nous pourrions recevoir une sanction » de la part des autorités environnementales, souligne Flores.
Mais la nouvelle méthode a aussi le grand avantage d’éviter un autre problème: que le faucon, une fois rassasié, n’ait plus envie de voler et se pose pour digérer.
– Autres pensionnaires –
Les faucons pèlerins ne sont pas les seuls oiseaux déployés sur l’aéroport de la mégapole mexicaine, qui compte plus de 20 millions d’habitants. Un faucon ailé de petite taille, surnommé « Panchito », et trois aigles nains, similaires à l’aigle royal, mais de taille plus modeste, veillent également à la sécurité des passagers. Parmi eux, une femelle appelée « Loca » (« Folle ») pour son agressivité.
Par leur façon de voler, à plus basse altitude, ces oiseaux sont utilisés près des salles d’embarquement où les mouvements au sol des avions sont les plus importants. Mais si les rapaces sont les animaux les plus spectaculaires pour contrôler la faune de l’aéroport, ils ne sont pas les seuls.
L’équipe de biologistes a aussi recours à des chiens qui servent à éloigner les oiseaux venant se poser entre les pistes. Une autre équipe contrôle les insectes du secteur à l’aide de produits chimiques pour dissuader les oiseaux de venir s’en nourrir.
A la fin de la journée, les animaux regagnent un petit hangar sur le côté de l’aéroport, presque comme une même famille. Tandis qu’à proximité, l’aéroport poursuit son activité frénétique.
Source – Agences