Le peso mexicain s’apprête à terminer l’année 2017 sur un recul de 5% face au dollar après avoir perdu jusqu’à 15% au coeur de l’été. La devise a souffert des turbulences politiques nées de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et de ses diatribes anti-Alena.
Les Etats-Unis sont le premier débouché des entreprises mexicaines – environ 81% des exportations mexicaines y partent – et la mise en place de barrières douanières risquerait de peser sur l’économie locale.
Cependant, en 2017, la banque centrale mexicaine a également continué le resserrement de sa politique monétaire entamé fin 2015.
Ainsi, le taux directeur de l’institution a progressé en tout de 1,5 point cette année, pour atteindre 7,25%, après avoir augmenté de 2,5 points en 2016. Cette politique plutôt « hawkish » de la banque centrale mexicaine a sans doute contribué à soutenir le peso face aux turbulences politiques.
Et, si l’on en croit les minutes du dernier comité de politique monétaire publié aujourd’hui, 2018 pourrait ressembler fortement à 2017 au Mexique.
En effet, la Banque centrale indique que l’inflation, de plus de 6% actuellement, redescendra plus lentement que prévu initialement vers la cible de 3%.
Dans le même temps, le Mexique va entrer dans une nouvelle période d’incertitude politique puisque les élections présidentielles y auront lieu en 2018 et pourraient voir la victoire du candidat d’extrême-gauche Andrès Manuel Lopez selon des sondages qui lui sont très favorables.
Le Peso, une devise spéculative
Les plus grandes banques de Wall Street, à l’instar de Morgan Stanley, ont prédit que le peso continuerait sur sa bonne lancée cette année. Toutes ne partagent pas cet avis.
Bank of America a ainsi prévenu les investisseurs de ne pas trop se précipiter vers la devise mexicaine. « Le marché est allé trop loin en faisant du Mexique un pays sans risques », s’exclame Claudio Irigoyen, stratège de la banque américaine. Pour lui, cet excès de confiance en l’avenir du Mexique a conduit à une surévaluation du peso.
Car c’est une monnaie très spéculative. En effet, sa forte liquidité fait que les investisseurs ont tendance à se tourner vers cette devise pour se couvrir des risques sur les marchés. Mais le peso peut subir une correction. Ainsi, une nouvelle déclaration au ton antimexicain de la part de Donald Trump pourrait faire chuter rapidement la monnaie mexicaine.
L’économie mexicaine dépend, en effet, à 80 % des exportations vers les Etats-Unis. Bien que le Congrès ait récemment abandonné le projet de « border tax », qui visait à taxer de 20 % des produits fabriqués en dehors des Etats-Unis, le président américain n’a jamais caché sa volonté de vouloir se détacher du Mexique. Notamment, la volonté d’une rupture de l’Alena (Nafta, en anglais), l’accord de libre-échange nord-américain en vigueur depuis vingt-trois ans, est toujours d’actualité.
Cet élément d’incertitude pourrait déclencher une rechute du peso et une fuite des investisseurs. Enfin, l’élection présidentielle, en juillet 2018, au Mexique, pourrait aussi changer la donne. Les candidats en lice à la succession d’Enrique Peña Nieto ne semblent pas vouloir adopter des politiques économiques très favorables aux marchés financiers.
Source – AOF